La pêche du thon rouge


      Le thon est le poisson que recherche en méditerranée le pêcheur au tout gros. Nous allons aujourd'hui rechercher le thon dans le cadre d'un concours de pêche au tout gros, au broumé.

Le gros thon rouge est un poisson très puissant. Il faut donc contrôler minutieusement son matériel et ses montages avant chaque partie de pêche. Le montage sera fait sans noeud de bout en bout et il faut donc bien penser à faire passer le fil du moulinet dans les anneaux ou les poulies de la canne avant de faire le montage terminal sinon, c'est tout à refaire.
On débute la saison et le nylon de 130lbs du moulinet est neuf. 700 mètres de nylon qui ne demandent qu'à se dévider pour suivre le départ d'un thon qui nage à 80 km/h lorsqu'il sent qu'il est piqué à l'hameçon.
 Pour faire la liaison entre le fil du moulinet et le bas de ligne fait de 9 mètres de fluorocarbone en 120 centièmes j'utilise du dacron. L'extrémité du nylon du moulinet va être passée au papier de verre pour que le bout prenne une forme pointue à la façon d'une queue de rat. Ainsi il sera plus aisé de faire circuler le nylon à l'intérieur du dacron sur 60 centimètres environ. On fait de même avec une des extrémités du bas de ligne et il ne reste plus qu'à ligaturer le tout avec du fil poissé.
Le montage de l'hameçon va lui aussi se faire sans noeud. Des demi-clès avec le fil poissé sur la tige de l'hameçon puis on recommence en emprisonnant hameçon et bas de ligne de haut en bas, on replie le bas de ligne et un dernier trajet de demis clés de bas en haut. On coupe l'excédant et le tour est joué.
Vous comprenez qu'il faut un certain temps pour faire toutes ces opérations. Aussi, si on a oublié de passer dans un anneau de la canne, il vaut mieux que personne ne se trouve dans notre voisinage. Il risquerait de devenir sourd à cause des jurons qui fuseraient.
Si maintenant tout est prêt au niveau du matériel, le plein du bateau fait, l'approvisionnement en sardines planifié il ne reste plus qu'à aller se coucher car la journée de pêche proprement dite va commencer fort tôt.
Ca y est, on fait route. Le soleil a beau se lever à 6 heures ce matin, on l'a largement précédé.
Une fois arrivé sur le lieu de pêche prévu, il faut mettre le mouillage en place. Il faut faire ceci avec beaucoup de soin car rien n'est plus pénible que de devoir remettre le mouillage en place parce qu'il a glissé à cause d'une mauvaise mise en oeuvre.Maintenant on est fin prêts. On est à 22 miles au large par un fond de 88 mètres. Le membre de l'équipage désigné pour le premier tour de broumé peut se mettre en route. A raison d'une cagette par heure, un long chapelet de sardines va essayer d'attirer le thon. Les cannes sont eschées et mises en place. 4 cannes avec des appâts travaillant à différentes profondeurs, la plus proche du bateau étant celle qui pèchera le moins profond.
Vers midi, alors qu'on commence à se mettre à table, c'est le bruit strident du cliquet du moulinet qui nous perce les oreilles. Nous ne faisons pas la fine bouche. Un poisson nous dérange pendant notre repas mais nous ne lui en voulons pas tant les parties de pêche avec une touche sont rares. Hier, nous avions répartis les rôles entre chacun. Ce matin, au départ avait eu lieu la révision, il fallait maintenant tout mettre en pratique. L'équipier chargé de larguer le mouillage se jette sur celui-ci. Celui qui avait été désigné pour prendre la canne prends son harnais et se mets en place tandis que les autres dégagent tout ce qui pourrait gêner les évolutions du bateau.
Après une petite heure de combat, notre poisson est à l'arrière du bateau prêt à être gaffé. Le capitaine a dû se mettre dans l'esprit du poisson pendant toute la durée du combat pour anticiper sur les réactions du poisson et positionner le bateau pour que le pécheur ait les meilleures chances de succès. Presque aucun mot n'a été échangé entre eux tant leur complicité est totale. C'est en grande partie cette "union" qui a permis de mener à bien le combat.
Maintenant, l'euphorie s'empare de nous et nous regagnons le mouillage pour nous remettre en pêche et attendre d'autres départs.
Toute l'après-midi, nous verrons des échos au sondeur sous le bateau mais nous n'aurons pas d'autre départ. Nous relevons alors le mouillage et regagnons le port distant d'une heure avec cette mer calme.
Débarqué, notre poisson affichera plus de 97 kilos au peson. C'est une jolie pièce mais malheureusement, en concours, il y a une maille et cette maille est à 100 kilos. Notre poisson ne sera donc pas homologué mais nous avons passé une magnifique journée avec un thon rouge ramené ce qui nous console.